Pour nous, ce PADD (projet d'aménagement et de
développement durable) - accessible en ligne sur le site de la commune - est contraire aux principes d'aménagement durable.
Ce PADD est le passage obligé avant l'élaboration
du PLU lui-même : choix des zonages à la parcelle (espaces agricoles, naturels
et boisés, ou constructibles) et définition des règles de construction.
L'expression des intentions communales et la
formulation des têtes de chapitres sont des déclarations toutes faites
qu'on peut retrouver dans les PADD de n'importe quelle commune,
puisqu'elles sont imposées par les nouvelles lois d'Urbanisme, la loi littoral
et le le Grenelle de l'Environnement. Si on lit un peu plus dans le
détail, on se se rend compte que
la plupart des orientations données dans ce PADD sont contraires à l'esprit de ces nouvelles lois, mais sont également contradictoires, voire incompatibles entre elles.
la plupart des orientations données dans ce PADD sont contraires à l'esprit de ces nouvelles lois, mais sont également contradictoires, voire incompatibles entre elles.
Cette incohérence
voulue, pour brouiller les cartes, (auprès des services de l'Etat et des simples
habitants), reflète une vision inchangée de l'urbanisation, une poursuite
de la logique de gaspillage d'espace de l'ancien POS et vous laissera toute
latitude pour élaborer un PLU qui fera la part belle aux intérêts particuliers,
qui en tireront une plus-value substantielle. Explications détaillées :
1. Des orientations qui poursuivent la logique de
gaspillage de l'espace
A) Maintien du rythme de consommation de l'espace des
dernières décennies...
En introduction de ce PADD, il est affirmé que "la
logique de planification urbaine ayant prévalu dans le passé, a conduit à un
étalement urbain significatif et une réduction sensible des espaces agricoles
et naturels" et que "la prise de conscience de ces effets
pervers" va permettre aux nouveaux PLU d'évoluer.
Or, quel changement apportez-vous par rapport aux
décennies précédentes ? Aucun.
En effet, depuis 20 ans, la consommation foncière sur
le territoire de la commune s'est faite sur le rythme de 3 hectares par an
entre 1980 et 2000 (70 hectares consommés), 2,5 hectares par an depuis 2000 (30
hectares).
Or ce PADD prévoit de consommer 2,75 hectares par an,
soit 33 hectares en 12 ans de nouvelles surfaces constructibles prises sur des
terres agricoles ou des espaces naturels.
Donc contrairement aux belles intentions affichées,
aucune inflexion n'est adoptée, la consommation d'espace se poursuit au même
rythme, en contradiction totale avec les principes définis par les nouvelles
lois précédemment citées.
B) ...non garant de l'augmentation de la population
Vous justifiez le besoin de nouveaux espaces
constructibles, par l'objectif d'enrayer la diminution du nombre
d'habitants constatée par les derniers recensements. Pourtant, il n'est
pas avéré qu'il suffit d'augmenter la consommation d'espace pour augmenter la
population, preuve en est que malgré une consommation de plus de 100 hectares
depuis 1980, la population n'a fait que diminuer !
2. Des orientations marquées par l'absence de
cohérence
Non seulement ce padd n'est pas en conformité avec les
principes d'aménagement durable définis par les nouvelles lois d'urbanisme,
mais en plus il est rempli d'incohérences : les orientations disent tout et son
contraire.
A) en matière d'habitat et déplacements
1.
Comment dire dans le
même document qu'on va "Donner la priorité au renouvellement urbain
en centre urbain" et prévoir que "près de 53% de la
production de logements neufs s’effectuera en extension urbaine" ? C'est
contradictoire, on ne peut pas prévoir à la fois de reconquérir prioritairement
en le densifiant le tissu urbain existant et de consommer encore de nouvelles
emrpises foncières. Des études ont montré que plus les communes s'étalaient,
plus leurs centres urbains étaient désertés. Avant de rendre de nouveaux
terrains constructibles, il faut d'abord rénover les logements vacants dans les
quartiers anciens, reconquérir
les friches, faire le bilan des maisons à vendre, des terrains de lotissement
non encore vendus, se concerter avec les communes voisines qui élaborent
également de nouveaux PLU. ous regrettons que le choix d'un PLU intercommunal
n'ait pas été fait à l'échelle de Douarnenez Communauté. Il est temps enfin
d'arrêter la concurrence entre communes du même territoire pour attirer de
nouveaux habitants.
2.
Comment dire dans le même document qu'on va "Favoriser des formes
urbaines compactes en extension urbaine", et proposer "une
densité de 20 logements à l'hectare". Cette densité fait
perdurer le modèle d'habitat pavillonnaire en lotissement, gaspilleur
d'espace, fermé sur lui-même, dédié à la voiture, sans espaces
communs autres que la voirie, dont les exemples sont trop nombreux sur la
ville. Le document laisse entendre que des densités plus élevées passeraient obligatoirement
par de l'habitat collectif. A aucun moment, n'apparaissent dans ce document les
notions d'écohabitat, d'habitat groupé, qui respectent à la fois l'aspiration à
l'habitat individuel, l'économie d'espace, la présence d'espaces publics partagés,
ouverts sur la ville, à l'image des formes urbaines dans les quartiers anciens.
A titre d'exemple, à Douarnenez, des maisons de ville alignées avec petits
jardins permettent d'atteindre une densité d'au moins 60 logements à l'hectare,
autant que des grandes barres d'immeubles. Voir des exemples de formes urbaines et
leur densité sur Douarnenez
3.
Comment prévoir de "Promouvoir l’offre de transport en commun sur le
territoire" et dans le même temps de "Renforcer le
réseau routier interne de l’agglomération et Anticiper les
besoins en stationnements". On ne peut pas à la fois accentuer le
tout voiture et espérer augmenter la fréquentation des transports publics.
Remarque : puisque vous prévoyez de déplacer la gare routière, et
si vous voulez qu'elle devienne un "pôle d'échanges multimodal",
elle doit être associée à une aire de covoiturage sur le même lieu.
B) en matière de paysage et d'environnement
1. Comment dire qu'on va "mettre
en oeuvre une trame verte et bleue", c'est à dire "protéger
les espaces boisés et les cours d'eau, réservoirs de biodiversité", et
dans le même temps "prévoir le développement résidentiel du Bois
d'Isis (Kerleyou et bois du Rohou)". Nous savons que depuis le
début du mandat, vous voulez rendre constructibles une partie du bois classé du
Rohou et désenclaver les parcelles au bout de la rue Noel Roquevert, déjà
rendues constructibles en 2006 par la municipalité précédente. Vous allez enfin
pouvoir sonner le glas du Bois d'Isis, lieu de promenade cher au coeur des
Douarnenistes pour y installer des résidences de luxe (comme au domaine des
Roches blanches), et y permettre l'enrichissement de leurs propriétaires. Nous
constatons également que tous les extensions d'urbanisation que vous prévoyez
sont situées sur les hauts de coteaux pour la vue sur mer, ce qui est
incompatible avec la préservation des paysages.
2. Comment dire qu'on va "préserver
les ressources naturelles", et prévoir de "ne garder en
espaces boisés classés que les boisements situés en bord de cours d'eau".
Or, dans son avis sur le plan algues vertes de la baie de douarnenez, le
comité scientifique régional attire l'attention "qu'il est important
pour l'écologie des cours d'eau de ménager une grande diversité des types de
végétation" et ne pas y concentrer les boisements (ripisylve). Nous
constatons qu'aucun inventaire précis des espaces boisés sur la ville, classés
ou non, n'a été réalisé, ce qui vous laissera toute latitude pour en faire
disparaître la plus grande partie.
3.
Comment allez vous concilier "inscrire tous les cours d'eau en zone
naturelle pour protéger la ressource en eau" et devoir "étudier
la faisabilité d'une implantation d'une installation de stockage de déchets
inertes (ISDI) sur le territoire", c'est à dire sans doute
régulariser le centre de stockage sauvage de déchets de chantier en zone
naturelle, sur la rivière de Kervent, près de la route de Poullan, où des
millions de m3 de déchets se sont accumulés depuis 1995,
4. Comment dire qu'on va "Préserver
la qualité paysagère des entrées de ville", en citant notamment la
perspective sur la silhouette de la ville à partir de la route de Poullan sur
mer, alors que cette entrée de ville a été sciemment exclue du
périmètre de la ZPPAUP et que le "cône de vue" sur la baie y
est obstrué par la vision des enseignes commerciales, de leurs panneaux
d'affichage et de leurs fanions.
C) En matière d'activité économique
1.
Comment affirmer que pourra être assuré à la fois "le
développement des zones commerciales de périphérie et celui des commerces en
centre ville": les deux développements sont incompatibles.
Chacun a pu constater à Douarnenez que plus les commerces
s'installent en extérieur (déplacement de l'Intermarché au Drevers,
agrandissement de la zone Leclerc de Toubalan), plus le commerce de centre
ville dépérit.
Remarque : vous envisagez dans ce document "la
densification commerciale au niveau du pôle du Drevers". Je rappelle à
tous que cette construction, en zone humide, a été enfin reconnue par les
Services de l'Etat comme complètement illégale au regard de la loi littorale,
et qu'aucune nouvelle construction en extension d'urbanisation ne pourra y être
autorisée.
2.
Pourquoi vouloir à tout prix "étendre la zone industrielle de
Lannugat" pour attirer de nouvelles entreprises, cela n'est
pas sûr là non plus que la loi littoral le permette, cela n'est pas sûr non
plus que l'existence d'une zone industrielle soit un préalable à la création de
nouvelles activités économiques. Là aussi, avant d'agrandir cette zone, il faut
faire le bilan du taux d'occupation des bâtiments et des surfaces des zones
industrielles de dz communauté, veiller à ne pas gaspiller l'espace non plus
comme cela a été le cas jusqu'à présent, réserver cette zone à des activités
purement industrielles. Il est possible d'accueillir dans le tissu urbain des
entreprises artisanales et de services, si elles n'occasionnent pas de nuisances,
sonores notamment, pour le voisinage des habitants.
3.
Comment vouloir à la fois "Préserver les activités traditionnelles
de pêche", "Valoriser la richesse du patrimoine architectural" et
prévoir dans le même temps de développer un certain type de plaisance
(avec pontons lourds) au Rosmeur. Vous ne proposez pas de conserver le
caractère patrimonial du port historique du Rosmeur, en restaurant ses cales et
ses quais, en gardant la petite plaisance au mouillage.
4.
Comment dire que vous allez "revaloriser les fronts de mer",
(pour le tourisme) et dans le même temps "renforcer l'offre
de stationnements à la plage des Sables Blancs". Il ne faut pas
augmenter l'emprise des places de parking, simplement supprimer les
stationnements face à la plage, et les déplacer plus en arrière. Si des
surfaces sont gagnées en arrière plage, elles doivent être dédiées à
l'aménagement d'espaces publics accueillants, avec le maintien des
terrains de tennis et le remplacement de la bulle par un court de tennis
couvert, inexistant pour l'instant sur la ville. La plage qui est une des
seules plages sur douarnenez à ne pas être touchée par les marées vertes est
aujourd'hui colonisée par 2 résidences de Pierre et vacances, fermées 6 mois
dans l'année. Il faut faire en sorte que cette plage et les quartiers qui
l'entourent ne soient pas dédiés aux résidences secondaires de luxe, mais
puissent être habités et fréquentés toute l'année par tous, facilement
accessibles pas seulement en voiture, mais aussi en transport public et en
vélo.
5.
comment déclarer que vous allez "sauvegarder l'activité agricole,
limiter l'offre foncière en zone rurale pour préserver l'espace agricole"
et dans le même temps proposer de consommer "33 nouveaux hectares"
pris sur les terres agricoles. De nouvelles parcelles agricoles vont être
sacrifiées, dont certaines insérées dans le tissu urbain ou en proche
périphérie, celles des exploitations agricoles considérées comme "non
viables" dans le diagnostic agricole réalisé par la Chambre
d'agriculture, sans définir ses critères de "viabilité". Nous donnons
raison à Monsieur Caradec qui défend ses terres becs et ongles près de
Lannugat, mais nous souhaiterions qu'il sache aussi défendre celle de ses collègues,
ce qu'il n'a pas fait quand les terres agricoles de Kerguesten ont été rendues
constructibles l'an dernier. Nous remarquons qu'à aucun moment, le modèle
d'exploitation en agriculture biologique n'est mis en avant, pourtant c'est le
seul modèle durable, et compatible avec une insertion dans le tissu urbain, du
fait de l'absence d'épandages de pesticides
.
Donc en
conclusion, poursuite de la consommation foncière, au détriment des terres
agricoles et des espaces naturels et boisés, renforcement des dessertes routières
et de l'offre de stationnements au détriment des transports collectifs : ce
PADD ne répond décidément pas à sa vocation de préserver l'univers des futures générations.
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